Proteus mirabilis est une bactérie ubiquiste du tube digestif de l’homme et des animaux ainsi que de l’environnement. Cette bactérie est considérée comme pathogène opportuniste et représente pour l’homme l’une des principales causes d’infections urinaires et de bactériémies. Au cours de ces dernières années, le traitement des infections à P. mirabilis s’est compliqué par l’augmentation des souches résistantes à plusieurs familles d’antibiotiques (aminosides, béta-lactamines, céphalosporines, phénicolés, tétracyclines). L’implication d’îlots intégratifs et conjugatifs ainsi que de plasmides a été démontrée dans la multirésistance de P. mirabilis dans de nombreuses régions du monde. L’INRA, en collaboration avec l’ANSES, a initié des travaux concernant la diversité et la diffusion des îlots génomiques de multirésistance chez P. mirabilis d’origine animale et humaine. Cependant, très peu de données sont disponibles sur la prévalence et les mécanismes de résistance aux fluoroquinolones (antibiotiques largement utilisés pour le traitement des infections des voies urinaires) chez les souches cliniques de P. mirabilis. Il n’existe à l’heure actuelle aucun plan national de surveillance de cette bactérie. L’émergence de la multirésistance des bactéries entraîne un risque d’antibiothérapie de première intention inadaptée, avec un impact sur la mortalité des patients souffrant de septicémies. L’OMS s’alarme sur le fait que « le monde s’achemine vers une ère post-antibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer en raison de la multirésistance de ces germes ». L’étude de la multirésistance chez P. mirabilis répond donc à une priorité en terme de santé publique. Nous proposons dans ce projet collaboratif entre l’INRA (UMR1282-ISP) et les laboratoires de bactériologie du CHU de Poitiers et du CHU de Tours d’analyser la prévalence de la résistance aux fluoroquinolones chez P. mirabilis et d’identifier les mécanismes de résistance impliqués. La meilleure connaissance de la résistance aux antibiotiques et en particulier envers les fluoroquinolones permettra dans un second objectif de ce projet collaboratif le développement d'un test de détection rapide de la résistance aux fluoroquinolones directement à partir des prélèvements biologiques s’affranchissant ainsi du délai lié à la culture bactérienne, ou bien à partir d’isolats bactériens sans attendre les résultats de l’antibiogramme. Le développement d'un tel test pourra s’étendre à d’autres familles d’antibiotiques d’intérêt pour le traitement des principales entérobactéries, comprenant, outre P. mirabilis, E. coli, Klebsiella et Salmonella pour une application aux maladies graves courantes (septicémies, infections des voies urinaires, méningites...). Un test de détection rapide de la résistance aux antibiotiques permettrait de garantir une thérapie de première intention appropriée et ainsi de renforcer le bon usage des antibiotiques nécessaire pour préserver leur efficacité dans le futur.