Les paysages sont caractérisés par une dynamique à différentes échelles induite par des perturbations naturelles ou anthropiques qui déterminent le mouvement des organismes et la survie des espèces à plus ou moins long terme. Les mouvements journaliers ou saisonniers de complémentation et de supplémentation des ressources constituent un processus clé dans le maintien des populations et sont conditionnés par la connectivité du paysage. Cette étude s’est intéressée aux relations existant entre les mouvements quotidiens d’un papillon de jour (Maniola jurtina L., Satyridae) et la dynamique des zones enherbées induite par la fauche des prairies, au moyen d’expériences de capture-marquage-recapture dans deux sites bocagers contrastés et d’un modèle de mouvement développé précédemment pour cette espèce. La fauche des éléments enherbés constitue un changement brusque de la qualité des taches d’habitat et entraîne des modifications de la distribution des ressources et de l’hétérogénéité spatiale au sein du paysage. Les observations effectuées pendant l’été 2000 ont révélé une redistribution des papillons vers certaines zone enherbées, qui est déterminée à la fois par la dynamique de la végétation induite par la fauche, un comportement d’agrégation vers les zones de plus forte densité et leur activité plus ou moins importante selon les conditions météorologiques. Nous n’avons pas observé de différences dans la redistribution des individus entre les deux paysages contrastés. Les simulations du mouvement de Maniola jurtina n’ont pas reproduit la dynamique des flux de papillons observées après la fauche des prairies, mais le modèle a prédit de manière satisfaisante les entrées totales d’individus vers chaque zone enherbée, ce qui nous a permis de proposer une mesure fonctionnelle de l’accessibilité des taches d’habitat des papillons et de la connectivité du paysage. Les simulations de l’évolution de l’accessibilité des zones enherbées selon divers scénarios de composition du paysage en prairies de fauche et en prairies ont montré que la dynamique de l’habitat des papillons interagit avec la quantité d’habitat disponible pour déterminer l’évolution spatio-temporelle de la connectivité du paysage. L’intensification des modifications de l’hétérogénéité spatiale induites par la fauche des prairies peut entraîner un isolement des papillons dans certains éléments et avoir des conséquences directes sur leur survie à long terme.