Le but de ce chapitre est d’analyser la trajectoire d’évolution qu’a connue l’agriculture biologique, entre posture critique et politique et constitution d’un segment de marché autour d’un label officiel, et les tensions que ces dynamiques ont suscité parmi les acteurs du champ de l’agriculture biologique. Il se base sur trois travaux portant sur la gouvernance, les systèmes de certification et les standards privés de l’agriculture biologique (Fouilleux et Loconto, 2014 ; Lemeilleur et Allaire, 2014 ; Poméon et al., 2014 ; présentés lors du même colloque en 2014), qui se sont appuyés sur des entretiens auprès de producteurs, de représentants d’organisations professionnelles et d’organismes gestionnaires, sur diverses expériences d’observation participante et sur l’analyse de différents types de documents (sites internet, cahiers des charges, etc.). Nous reviendrons dans un premier temps sur le projet initial de l’agriculture biologique et sa transcription dans un ensemble de pratiques et de dispositifs, et sur les tensions et débats induits par son institutionnalisation progressive en France (1.). Puis nous verrons comment cette institutionnalisation réglementaire et marchande de l’agriculture biologique a modifié en profondeur les règles du jeu du champ, le type d’acteurs en présence et leurs pratiques (2.). Cela nous conduira à nous intéresser au mouvement contemporain de réactivation de la dimension critique et alternative de la bio à travers la relance de la certification