La présence de racines vivantes des plantes peut fortement accélérer le taux de décomposition des matières organiques du sol. Ce phénomène, appelé Rhizosphere Priming Effect (RPE), est contrôlé par la libération d’exsudats par les racines, dont la qualité et la quantité sont très variables selon les espèces végétales. L’influence des traits fonctionnels sur le RPE reste méconnue. Dans cette étude, nous avons étudié l’effet sur le RPE de douze espèces de plantes de prairie tempérée, à stratégies écologiques (exploitative et conservative) et de groupes fonctionnels contrastés (graminées, légumineuses et autres dicotylédones). Les plantes ont été cultivées pendant 221 jours sous atmosphère appauvrie en 13C afin d’obtenir un marquage des plantes permettant de séparer la respiration végétale de la minéralisation des matières organiques du sol. L’effet de l’identité des espèces sur le RPE est évalué par l’intermédiaire de leurs traits fonctionnels foliaires et racinaires en lien avec les stratégies d’exploitation et de conservation des ressources. Nos résultats confirment que le facteur espèce contrôle le RPE. Les plantes dites exploitatives i.e. à stratégie d’exploitation des ressources, présentant des valeurs élevées à la fois du taux de respiration, de surface spécifique foliaire, de longueur spécifique racinaire et de teneur foliaire en azote, et a contrario des valeurs faibles de teneur foliaire en matière sèche et de ratio foliaire en carbone azote, induisent un RPE élevé. Et inversement pour les espèces à stratégie de conservation. Les dicotylédones induisent un RPE significativement supérieur aux autres groupes fonctionnels en valeur cumulée. Au printemps, les légumineuses caractérisées par une longueur spécifique racinaire plus élevée que les autres espèces, induisent un RPE plus important que les dicotylédones.