La mise au point de stratégies de maitrise de l’eutrophisation des plans d’eau nécessite en général de réduire la charge externes de ceux ci. Cela suppose de comprendre et quantifier le fonctionnement de leurs bassin versants en tant que « systèmes de transfert du phosphore » déterminant à l’exutoire, la nature, l’intensité et le régime d’exportation des flux et donc l’impact de cette charge externe. La modélisation de ce « système de transfert » à l’échelle du bassin, permet de tester notre connaissance des mécanismes clés et de disposer d’un outil pour évaluer les évolutions en fonction de scénarios d’évolution des forçages, tels que climat, mode d’occupation et usages des sols (urbanisation, péri-urbanisation, pratiques agricoles). C’est dans ce contexte que se situe le projet d’étude du bassin du lac du Bourget. Pour répondre à la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE, 2015) visant à atteindre le bon état écologique des systèmes aquatiques pour 2015, le CISALB (Comité InterSyndical pour l’Assainissement du Lac du Bourget) souhaite identifier et quantifier les sources principales de phosphore (P) du bassin versant. Les bilans actuels des apports et leurs spéciations laissent supposer l’existence d’une pollution résiduelle attribuable en partie aux sources non ponctuelles. En effet, la diminution des flux de P au lac est marquée (300 T en 1975 ; 150 T en 1983 ; 90 T en 1996). Cette diminution est attribuable essentiellement aux efforts réalisés sur l’assainissement urbain. Néanmoins, sur la dernière décennie (1998 à 2008) entre 23T et 45T annuelle de P total entrent dans le système lacustre et parallèlement, les indicateurs montrent une diminution forte des flux de P dissous au profit de l’augmentation relative des flux de P particulaire marqueur d’une pollution à dominance non ponctuelle. Le bassin du Bourget garde une vocation agricole mais est largement urbanisé ; l’extension peri urbaine est rapide et le mitage des zones rurales généralisé. Notre hypothèse est que les conditions de transferts et le bilan de la pollution non ponctuelle en sont profondément modifiés. La modélisation traitant cette hypothèse portera sur deux sous bassins versants, l’un à vocation agricole conservée (3.5 km²) et l’autre largement péri urbanisé (65 km²). L’accent sera mis d’une part sur la pollution diffuse agricole et sa contribution aux bilans et d’autre part sur les interactions et le rôle des surfaces imperméabilisées et urbanisées comme vecteur et producteur de flux de P (diffus et/ou ponctuels). Deux approches modélisatrice sont prévues. Le fonctionnement du bassin agricole sera modélisé selon une démarche agrégative à l’aide du modèle SWAT. Le fonctionnement du bassin péri urbain sera modélisé par une approche désagrégative, basée sur la discrimination et décomposition des chimiogrammes à l’exutoire du bassin. Ce modèle, en cours de développement rendra compte des états de bassin versant susceptibles d’engendrer des flux de polluants vers le réseau hydrographique. L’objectif de ce travail est de construire avec le CISALB des références et des éléments pour l’aide à la décision publique.