Tant au Sud qu'au Nord, l'agriculture demeure un secteur crucial pour de nombreux pays, atypique par ses liens à la nature, sensible politiquement, économiquement et socialement. Toutefois son intégration dans l'Organisation mondiale du commerce à la suite de l'accord agricole de l'Uruguay round (AAUR) a accéléré le processus de sa banalisation économique et culturelle. La mondialisation et la libéralisation des économies viennent parachever la désagrégation des anciens cadres des politiques agricoles avant que de nouveaux rôles de l'agriculture et modes d'intervention publique dans les sociétés du 21e siècle soient précisés. Faut-il alors s'attendre à la disparition des politiques publiques agricoles depuis leur relativisation voire leur remise en cause ? Dans les pays développés et bien qu'ils n'aient plus la même caisse de résonance qu'il y a 20 ans, les traditionnels problèmes agricoles font toujours l'objet d'attentions particulières de la part des pouvoirs publics. A ceux-ci s'ajoutent de nouvelles préoccupations des consommateurs et des citoyens (environnement, sécurité sanitaire et considérations éthiques comme le bien-être animal), mises sur le devant de la scène et qui posent aux décideurs publics de nouveaux défis. Les politiques agricoles nationale, communautaire et internationale, dont le passé a montré combien elles influaient sur les territoires, les êtres humains et les filières agro-alimentaires, et combien elles concernaient de ce fait toute la société, sont donc à la recherche d'une nouvelle légitimité. Plus que leur abandon ou leurs adaptations, c'est leur renouvellement qui s'amorce.