De nombreuses branches d'activité du secteur agro-alimentaire français sont caractérisées par la présence de firmes de taille très importante. Dans une telle situation, chacune de ces firmes peut, par ses décisions individuelles, modifier à son avantage l'équilibre des marchés des produits qu'elle vend et/ou de certains inputs (en particulier des inputs agricoles) qu'elle utilise. L'objectif de cette recherche est de mesurer le pouvoir de marché effectivement exercé par les firmes agro-alimentaires françaises. Le comportement des firmes agro-alimentaires est représenté par le biais d'un modèle statique d'oligopole avec variations conjecturales. Ce modèle repose sur l'idée qu'en situation d'oligopole chaque firme élabore ses décisions de production sur la base d'hypothèses (i. e. de conjectures) quant à la réaction de ses rivales. Ces hypothèses sont matérialisées au travers de paramètres de variations conjecturales, la valeur de ces paramètres fournit une mesure du degré de concurrence en vigueur dans la branche d'activité considérée. Le modèle théorique est estimé économétriquement pour plusieurs branches d'activité du secteur agro-alimentaire français, à partir de séries annuelles couvrant la période 1978-1993. Les résultats économétriques obtenus suggèrent que trois branches d'activité (abattage de volailles, conserves de fruits et conserves de légumes) présentent une structure non concurrentielle, mais que le pouvoir effectivement exercé par les firmes sur leurs marchés d'outputs respectifs est resté relativement limité sur la période d'étude. La prochaine étape consistera à élargir l'application empirique au cas où les firmes ont la possibilité d'exercer un pouvoir de marché du côté des inputs agricoles qu'elles utilisent.