L'erreur stratégique de la SNCF consiste à avoir sacrifié les besoins dispersés de la clientèle, actuelle ou potentielle, à un projet grandiose de modernisation né d'un cas particulier de la saturation d'une ligne précise, celle de Paris-Dijon-Lyon, un cas unique en France soluble rentablement. Au lieu de faire une enquête auprès de la clientèle de tout le réseau, de réfléchir à fond et d'élaborer un ensemble de petits projets à réalisation programmée, les dirigeants ont suivi les désirs contradictoires des plus hautes autorités ; ils se sont engagés dans des investissements considérables en voies nouvelles qui ont endetté fortement l'entreprise publique ; ils ont dû parallèlement faire des économies croissantes sur l'ensemble du réseau, détériorant toujours plus une offre surannée qui décourageait la clientèle, toujours plus attirée par les autoroutes et l'avion. Le rapport propose une autre politique d'investissements plus mesurés et mieux adaptés aux besoins précis des clients en s'efforçant d'enclencher un processus vertueux autonome de modernisation ferroviaire. Cette autre politique opère un recentrage stratégique vers la desserte des Bassins d'emplois, les territoires ruraux de développement prioritaires et les zones de revitalisation rurale. Le rapport propose une méthode de coopération entre acteurs locaux : autorités organisatrices et opérateurs de transport, afin de faire émerger la "multimodalité fidélisatrice dans les dessertes de proximité" et plus généralement de susciter "l'alliance nécessaire des transporteurs collectifs", afin de satisfaire les clientèles au moindre coût.