L'objectif est de réaliser une analyse coûts-avantages d'une production d'énergie à partir de la biomasse en Europe, qui intègre, d'une part, les effets redistributifs d'un tel projet, d'autre part, les effets sur les marchés agricoles européens et mondiaux. Pour cela, les auteurs proposent un modèle d'équilibre général, de second rang, qui décrit le secteur agricole européen et permet d'évaluer la rentabilité publique d'une production de diester. Ce modèle incorpore deux secteurs de production : grandes cultures et élevage. Les instruments de la politique agricole commune sont pris en compte. L'Union européenne est un grand pays sur le marché mondial des tourteaux et des céréales. On considère deux types de consommateurs : les contribuables et les agriculteurs. Le revenu des contribuables est un transfert de la Puissance publique, dont le montant équilibre le budget public. Le revenu des agriculteurs est égal au profit du secteur agricole. La puissance publique ne peut pas réaliser de transferts forfaitaires individualisés aux agriculteurs. Les prix à la consommation des produits sont fixes, la rentabilité publique du diester est alors une somme pondérée des effets du projet sur le revenu agricole et le revenu du contribuable. On quantifie les effets sur les revenus d'une production de diester (en France), qui intègrent des effets induits dus à la variation du prix des tourteaux, co-produits lors de la transformation des graines produites sur jachère, et les effets d'une contrainte agronomique sur les choix de production de grandes cultures. On montre que les effets induits modifient, de façon non négligeable, la rentabilité publique du diester et que ce projet est rentable si le bénéfice marginal social d'une augmentation de revenu de l'agriculteur est entre deux et trois fois supérieur à celui d'une augmentation de revenu du contribuable. Enfin, on effectue une analyse de la sensibilité de ces résultats à divers paramètres.