Plasticité de la dispersion d'un insecte parasitoïde: information, décisions individuelles, distribution populationnellle
Résumé
Lorsque l’environnement est variable, les comportements plastiques sont adaptés, à condition d’être basés sur des informations fiables. Dans le cas de la dispersion, les informations importantes concernent la comparaison entre la fitness qu’il est possible de gagner dans un site et celle qu’il est possible de gagner ailleurs dans l’habitat. Dans cette thèse, les décisions de dispersion d’un parasitoïde de pucerons sont étudiées expérimentalement, dans le cadre théorique de l’optimisation et de la théorie des jeux. Les résultats d’expériences au laboratoire montrent que les parasitoïdes perçoivent et mémorisent des signaux volatils émis par les plantes en réponse à la présence de pucerons pour estimer la profitabilité des colonies de pucerons, et adapter leur temps de résidence dans les colonies. D’une part, les parasitoïdes restent plus longtemps dans une colonie lorsqueles signaux des plantes indiquent que la colonie contient de nombreux pucerons. D’autre part, les parasitoïdes augmentent leur temps de résidence si la plante précédemment visitée indique que le reste de l’habitat contient relativement peu d’hôtes. La manière dont les parasitoïdes mettent à jour leur estimation de l’habitat en fonction de leur expérience n’est pas très clairement résolue. La dispersion des parasitoïdes est aussi étudiée en population naturelle, en testant les prédictions de la distribution libre idéale. Le génotype microsatellite des individus émergeant de pucerons parasités permet de déterminer le nombre de femelles de la génération précédente ayant pondu dans une colonie et le nombre de descendants produits par la femelle dans chaque colonie. Les résultats montrent que les femelles ne sont pas distribuées de manière idéale. Leur forte propension à disperser semble plutôt être sélectionnée par des pressions venant des niveaux trophiques supérieurs, comme les prédateurs et les hyperparasitoïdes. L’ensemble des résultats obtenus dans cette thèse indique que les décisions de dispersion des parasitoïdes sont plastiques et se basent probablement sur des informations provenant des différents niveaux trophiques présents dans les communautés. L’effet relatif de chaque information sur les décisions des parasitoïdes reste une question ouverte, qui mériterait une approche d’écologie des communautés.