Les lisières, entre les forêts et les milieux agricoles, sont des composantes omniprésentes des paysages ruraux européens et nécessitent d’être mieux connues pour leurs influences sur les communautés végétales forestières. En effet, la réponse de la végétation à l’influence des lisières varie, de la lisière vers l’intérieur de la forêt, selon différents patrons dont la variabilité reste aujourd’hui mal expliquée. Nous présentons une méthode originale de caractérisation des profils de réponse de la végétation à la lisière appliquée à la composition botanique. L’étude porte sur 28 transects de 40m de long, composés chacun de 20 quadrats de 2m*2m, dans des petits bois du sud-ouest de la France. Toutes les espèces végétales y ont été recensées afin d’évaluer comment varie la composition botanique depuis la lisière. Les données, par transect, sont traitées par une méthode d’ordination: l’ACP de covariance. De cette façon, la composition en espèce d’un quadrat est relativisée à l’ensemble des quadrats du même transect et non à l’ensemble des relevés. La composante principale résume la composition botanique d’un transect, en s’affranchissant de la nature des espèces, et sa variation en fonction de la distance à la lisière détermine un profil de réponse que l’on peut comparer entre transects. Les profils de réponse obtenus sont contrastés et s’écartent du modèle de réponse à 2 zones, attendu d’après la littérature. On distingue 4 groupes (patron linéaire, à 2 zones, à 3 zones et atypique) qui ne peuvent s’interpréter en fonction des facteurs connus pour moduler ces réponses (orientation, pente, nature du milieu adjacent). Ces résultats soulignent la variabilité des effets de lisière sur la flore forestière et par conséquent la difficulté à les prendre en compte dans des perspectives de gestion conservatoire ou visant à assurer des services écosystémiques.