Comme pour nous, les plantes utilisent la perception de la gravité pour se maintenir debout. Lorsqu'il est soumis à un changement d'accélération, l'Homme perd son équilibre. L'une des illustrations la plus connue de cet effet est sans nul doute notre perte d'équilibre à la sortie d'un manège tournant. Cet exemple illustre la sensibilité de notre capteur, situé au sein de l'oreille interne, à l'intensité des forces liées à l'accélération. Quand est il chez les plantes? Pour répondre à cette question, nous présenterons des résultats de travaux expérimentaux récents. Chez les plantes, le système de perception de la gravité repose sur la présence de cellules spécifiques, qui contiennent des petits grains d'amidons appelés statolithes. Les statolithes, plus dense que le reste du milieu cellulaire, sédimentent sous l'action de la gravité. La cellule perçoit alors la position de cet amas de statolithes à l'aide d'un capteur mécanobiologique qui renseigne la cellule sur son inclinaison par rapport à la gravité terrestre, ce qui lui indique sa verticalité. Pour étudier ce capteur, nous avons mis en place deux dispositifs instrumentaux. Le premier, consiste à modifier l'intensité apparente de la gravité à l'aide d'une centrifugeuse appelée "Gravitron". Ce dispositif permet d'étudier le mouvement de redressement de plusieurs espèces de plantes soumises à différents niveau d'accélération. Le second, est un microscope incliné horizontalement qui permet d'étudier la dynamique du mouvement collectif des statolithes engendrée par un changement d'inclinaison de la plante. Ces deux approches expérimentales nous ont permis de mettre en évidence l'insensibilité des plantes à l'intensité des forces gravitationnelles ou inertielles. Elles ne sont donc sensibles qu'à un changement d'angle d'inclinaison, ce qui leur permet par exemple d'osciller fortement dans le vent sans confondre ce balancement avec une perte durable de verticalité.