Ecotypes sympatriques migrateurs et sédentaires de truite commune (Salmo trutta L.) : différentiation génétique et effet des repeuplements
Résumé
Sympatric lake-run and resident brown trout (Salmo trutta L.) populations:genetic differenciation and stocking impact. This project aims to investigate the genetic diversity of sympatric lake-run migrant and resident populations of brown trout (Salmo trutta L.) in subalpine lakes. The area studied is the Lac Léman basin, where the wild populations belong to the main two evolutionary lineages of the species: the Mediterranean lineage (natural, ancient origin) and the Atlantic lineage (recent origin through restocking with hatchery individuals, but maybe also natural, ancient origin through migrations from the Rhine basin, during the Quaternary glaciations). Seven tributaries of the Lac Léman (in France and Switzerland), where both ecotypes (lake-run and resident) were present in sympatry, were sampled. The genetic variability was analysed using 9 molecular markers (among which 3 were specific of the two lineages). There is no significant correlation between the evolutionary linage where a population belongs to, and its migratory behaviour. Actually, most of the populations, either migrant or resident, have a majority of alleles of Atlantic origin. Resident populations are genetically closer to hatchery populations (used for restocking) than migrant populations. One hypothesis is that hatchery individuals that become migrants do not survive well in a fluctuating environment such as met by migrating populations. Both recent and ancient origin would then be present, the resident populations being more introgressed by hatchery individuals than the lake-run migrant populations. The analysis of historical samples (scales) will help clarifying the origin of Atlantic alleles, and the impact of restocking events on the temporal evolution of Atlantic alleles frequencies.
Le projet vise à analyser la diversité génétique de populations sympatriques migratrices et sédentaires de truite (Salmo trutta) en système lacs subalpins-affluents. La zone retenue est celle du Lac Léman, où les populations se rattachent à deux rameaux évolutifs majeurs de l’espèce : le rameau méditerranéen (d’origine naturelle) et le rameau atlantique (d’origine récente via le repeuplement mais peut-être également ancienne via des migrations de populations depuis le bassin du Rhin). Sept affluents suisses et français présentant les deux écotypes (migrateur et sédentaire) en sympatrie ont été échantillonnés, et la variabilité génétique analysée à l’aide de 9 marqueurs moléculaires (dont 3 spécifiques des deux rameaux évolutifs). Les résultats montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre rameau d’origine et écotype, les populations se rattachant toutes très majoritairement au rameau atlantique. Par contre, les populations sédentaires sont génétiquement plus proches des populations de piscicultures (utilisées pour le repeuplement) que les populations migratrices. Une hypothèse serait que les individus de repeuplement sont contre-sélectionnés dans un environnement changeant, comme celui que rencontrent les populations migratrices. Il pourrait donc y avoir coexistence des deux origines atlantiques, les populations sédentaires étant plus introgressées par les individus de pisciculture, et les populations migratrices ayant davantage conservé des caractéristiques génétiques ancestrales. L’analyse d’échantillons anciens devrait permettre de faire des hypothèses sur l’origine précise (repeuplement ou migration ancienne) des allèles atlantiques.