Les auteurs qui accompagnent, depuis plusieurs années, la construction d'un schéma de sélection d'une race ovine locale ont déjà contribué, par le passé, à éclairer l'importance d'un "tiers qualifiant" dans l'évolution des conventions entre acteurs de la sélection. Le passage d'une forme domestique de qualification des reproducteurs (relations directes entre éleveurs) à une forme industrielle (indexation génétique) s'avère délicat à mener dans une société pastorale où les contraintes agroclimatiques et sociales sont fortes. La réussite d'un schéma est basée sur la confiance que les acteurs délèguent à un tiers (physique ou moral). Cette fonction assumée principalement par l'univers technique risque malgré tout d'éloigner les éleveurs des sphères de pilotage et de décision. Pour conduire ce processus, les auteurs proposent aujourd'hui d'aider à la qualification des reproducteurs et à leur gestion au sein du schéma. La réalisation actuelle consiste à proposer un outil d'attribution des gènes tenant compte des rationalités et des exigences des multiples composantes du schéma (éleveurs, généticiens, sanitaires). Les règles d'attributions recueillies et cooptées auprès de l'ensemble des acteurs permettent au-delà d'une reformulation collective de l'objectif, de soulager les suspicions qui naissent obligatoirement, dès lors où la décision n'est prise que par une partie, même neutre, du groupe. L'usage d'un tiers qualifiant "artificiel" renforce l'accord entre les différents membres du groupe du fait de la neutralité concédée aux outils informatiques.