Critiquer la Constitution de 1793 du point de vue de l'humanité souffrante, est-ce nécessairement prendre un parti extrême ?
Résumé
Depuis l'adoption de la déclaration des droits et de la Constitution républicaine de 1793, puis les relectures qu'en firent Babeuf et Buonarroti, la discussion sur ces textes n'a jamais cessé dans la gauche française - et internationale. Tous ceux qui s'y intéressent de nos jours apprennent que, de l'époque révolutionnaire, Jacques Roux en avait formulé une critique directement sociale, y dénonçant un projet d'égalité purement juridique, formelle, où le maintien de l'inégalité des fortunes entrainait celle des droits pratiques. Cette critique de Roux, perçue par les conventionnels comme d'un extrémisme insupportable, fut l'objet d'une stigmatisation dont la violence est souvent analysée comme ayant entrainé la destruction à terme de tout le courant politique qui gravitait autour de lui. Sur Roux et le groupe dit ensuite des Enragés, une vaste historiographie française, mais aussi russe, allemande et anglo-américaine, témoigne en tout cas de l'intérêt qu'ils ont pu ultérieurement susciter. Jouant sur ces deux échelles chronologiques, l'auteur voudrait revenir à la fois sur les significations qu'a pu avoir à l'époque la stigmatisation de Roux et sur celles que les historiens furent ensuite amenés à construire.