Les communautés scientifiques de la transition agroécologique - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2015

Scientific communities of agroecological transition

Les communautés scientifiques de la transition agroécologique

Résumé

Ce rapport propose une cartographie à l'échelle internationale des approches développées en recherche autour de la transition agroécologique (TAE), en portant attention à la fois aux contenus des courants théoriques et à la structuration institutionnelle des communautés scientifiques. Il a été réalisé à la suite d'une commande du département Sad qui souhaitait, dans le cadre d'une animation scientifique autour de la TAE, réaliser un bilan des publications du département se rattachant directement ou indirectement à la notion de TAE, et identifier les communautés scientifiques internationales travaillant sur la TAE. Sur le plan méthodologique, il s'agissait de construire un corpus bibliographique international i) à partir d'une approche élargie de la TAE, explorant au mieux la diversité des définitions, ii) incluant les travaux se revendiquant de la TAE et les travaux relatifs ne s'y référant pas explicitement. Face à un tel champ, large et hétérogène, l'approche adoptée a privilégié un travail itératif d'exploration qualitative des courants transitionnistes appuyé par des analyses quantitatives intermédiaires et une connaissance préalable du domaine. Ce travail préalable a permis de faire émerger progressivement un périmètre de corpus qui a été analysé au moyen de différentes méthodes scientométriques (analyse de co-auteurs, de citation directe, de co-citation et de mots-associés). L’étude met en évidence un mouvement au sein de la science autour de la transition en général qui s’appuie sur un travail de structuration de longue haleine à partir de contributions de différentes communautés scientifiques (Sustainability Science, Socio-Technical Transition, Socialecological Systems, Industrial Ecology). Ce mouvement prend forme dans différents programmes internationaux, en particulier l’IHDP (International Human Dimensions Programme) dès les années 1990, puis le programme Future Earth, soutenus notamment par l’Unesco, l'ISSC (International Social Science Council) et l'lCSU (International Council for Science). Pour autant, ce mouvement concerne principalement les enjeux climatiques à travers le prisme de la question énergétique. L’agriculture, et ses formes écologisées, sont abordées de manière secondaire par la majorité des approches dites ‘Sustainability Transitions’. La notion de transition est par contre présente sous différents aspects et conceptions dans des communautés de recherche centrées sur diverses formes d’agriculture écologisée. Ainsi, la question de la transition, de la conversion, de l’adoption ou encore de la diffusion des pratiques, intéresse-t-elle de longue date les agronomes, les économistes et les sociologues de l’agriculture traitant d’agriculture biologique, d’agriculture de conservation, d’agroforesterie ou encore de l’agroécologie historique américaine. On assiste à une atomisation des communautés scientifiques liée aux découpages disciplinaires ou théoriques, mais aussi au cloisonnement entre différentes formes d’agriculture. Néanmoins, l’analyse des communautés de co-auteurs montre une tendance récente à la constitution d’agrégats d’auteurs indiquant l’amorce d’une structuration d’une communauté autour de la TAE. La production du département Sad s’ancre en grande partie dans cette dynamique de structuration internationale, en particulier au travers des réseaux de recherche sur l’Agriculture Biologique, de l’appartenance à la communauté des Farming Systems et de liens tissés avec le courant Socio-Technical Transition. La production du département est marquée par des spécificités : l'analyse des verrouillages socio-techniques en agriculture, les travaux sur la conception de systèmes innovants, ceux sur la modélisation d’accompagnement qui associent souvent des apports de l’agronomie, de l’écologie et des sciences sociales. En terme d’enjeux pour le futur, même si nous vivons un moment de convergence de différentes approches de la transition, qui concernent l’agriculture de manière secondaire, il nous semble nécessaire d’examiner finement les complémentarités possibles, mais aussi parfois les incompatibilités entre approches liées à des postulats, des méthodes ou des échelles d’analyse très différents. Certaines approches donnent ainsi la primauté au social, d’autres à l’écologique, d’autres enfin à la technologie, et construisent des points de vue contrastés sur ce qui engage et structure la TAE. Au-delà du repérage cartographique des communautés scientifiques, cette étude invite donc à confronter les contenus portés par différents courants théoriques pour avancer de notre côté dans la compréhension et l’accompagnement des transitions agroécologiques. Il s'agirait notamment de mieux cerner les conceptions du social et de la nature qui sous-tendent ces courants, leurs différences voire leurs contradictions. Il s'agirait aussi d'interroger les méthodes et pratiques disciplinaires attachées aux différentes approches, afin de mesurer la possibilité – ou pas - de les particuler et de les rendre opérationnelles dans le cadre d'un département de l'Inra.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02798568 , version 1 (05-06-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02798568 , version 1
  • PRODINRA : 329331

Citer

Guillaume Ollivier. Les communautés scientifiques de la transition agroécologique. [0] 2015. ⟨hal-02798568⟩
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